Margaux, lauréate du grand prix de poésie de la SPF

Interview de Margaux, une adolescente de 16 ans qui remporte le grand prix de poésie libre du concours international de poésie jeunesse 2022-2023 pour son poème Un battement de cil. Un prix décerné par la Société des poètes français choisi parmi 937 poèmes.

Margaux 16 ans nous dévoile les secrets de son écriture, et revient sur l'aventure Jeux de plumes (atelier d'écriture créative) qu'elle suit depuis 1 an et demi. Nous vous laissons découvrir son poème lauréat "Un battement de cil" puis l'interview de Margaux. Toutes nos félicitations Margaux !

Un battement de cil

Un battement de cil,

Un battement de cœur,

La chute gracile,

D’un pétale de fleur,

Un battement de cœur,

Une larme sur la joue,

D’un pétale de fleur,

La pluie rend son cœur flou,

Une larme sur la joue,

Du givre sur les mains,

La pluie rend son cœur flou,

C’est le silence de rien,

Du givre sur les mains,

D’une fille de verre fragile,

C’est le silence de rien,

Un battement de cil.

L'interview de Margaux :

Depuis quand suis-tu les ateliers d’écriture ?

Je suis des ateliers d’écriture depuis mars de l’année dernière.

Comment est né ce poème ?

Il est né d’une liste : les choses mono no aware (la tristesse des choses, la beauté de l’éphémère). Ce poème, c’est le mélange perpétuel entre la douceur et la douleur. Tout ce qui fait mal, mais qu’on laisse caché derrière un sourire. C’est un réveil sous la pluie, c’est le temps qui passe. Et en un battement de cil, tout recommence.

Qu’est-ce que la poésie pour toi ?

Pour moi, la poésie c’est chanter ce qui reste coincé au fond de la gorge. Comme l’écriture en général, c’est se libérer d’un poids. Mais ce qu’il y a de particulier avec la poésie, c’est que ce sont des images, c’est volatile. Quand on lit un poème, peu importe qui on est, d’où on vient, on ressent quelque chose.

Qu’est-ce t’apporte le fait d’écrire dans un groupe ?

Beaucoup, en vérité, des portes ouvertes sur des univers très différents et tous passionnants. On s’inspire, on se force à repousser nos limites, on voyage. Un atelier d’écriture, c’est être libre d’être soi.

Quels conseils donnerais-tu à d'autres adolescents n'osant pas se lancer dans l'écriture ?

Mon seul conseil serait : écrivez. Écrire c’est une libération, ça n’est pas obligé d’être parfait, au contraire. Écrire c’est tomber et se relever, c’est juste laisser parler son cœur. Il y a les textes qu’on partage, et ceux qu’on garde pour soi mais au final, écrire devient aussi naturel et nécessaire que de respirer. Il suffit de se lancer.

Que t’apportes le fait d’écrire sur un plan personnel ?

Ma tête ressemble à une pelote de laine (ou à une chambre d’ado), c’est la pagaille, ça tourne en continue, souvent bien trop vite. Écrire me permet de mettre un peu d’ordre dans tout ça. Ça me permet de me découvrir, de me retrouver dans des journées où au final on a tendance à se perdre, à s’oublier. C’est un exutoire, un cri silencieux. Il y a une citation de que j’aime beaucoup : “We are writers, my love. We don't cry; we bleed on paper.” (A.Y.). Voilà ce qu’est l’écriture dans ma vie personnelle.

Que représente ce prix pour toi ?

Je n’ai pas encore bien réalisé mais je dirais que c’est le signe qu’avec une plume et un cœur, même une personne aussi banale que je le suis peut toucher un cœur. Mes mots ont trouvé résonnance chez quelqu’un.

Y a-t-il des écrivains ou des poètes qui tinspirent ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Je dirais que tous m’inspire, je suis passionnée de mots, de phrase, je les collectionne comme des plumes ou des coquillages. Même une phrase dite dans une conversation de tous les jours peut entrer dans ma collection de trésors. Au fond, quand on s’autorise à parler, nous sommes tous un peu poète.

Comment pourrais-tu définir le style de ta poésie ?

Ma poésie s’inspire du réel, en fait des images qu’elle mélange pour alléger la réalité. Ce poème est une bonne définition du style de ma poésie, un réel, qui devient une plume, un battement de cil.

Pour en savoir plus sur l'atelier : jeux de plumes