Nous avons pu échanger avec Victoria aka S'iel te plaît au sujet de son arrivée chez Éros écriture érotique.
« S'iel te plait », peux-tu te présenter en quelques mots ?
Et bien, je suis Victoria, j’ai 28 ans et je vis à Rennes. J’écris et je lis depuis toujours. Et donc, je fais en sorte que ma vie soit ponctuée de récits d’inventions que ce soit grâce à la lecture ou l’écriture. J’aime que les mots créent des images, et vice et versa : j'aime que les images conduisent aux mots. Il faut dire que j’aime aimer, au sens large.
D’où te vient ton goût prononcé pour la littérature érotique ?
La littérature a façonné mes premiers désirs et elle a continué à nourrir la curiosité que je ressens pour les corps depuis petite. L’envie charnelle et la sexualité sont souvent soumises à une censure mais il y a à la fois tellement de façon de dire ou de vivre le désir alors qu’on ne connaît parfaitement que le sien. Lire de l’érotisme m’ouvre les portes d’une étude anthropologique et sociologique des plus excitantes et les mots de l’intime, qu’ils soient miens ou non, me placent, dans une position de voyeuse / exhibitionniste que j’adore.
Tu as organisé régulièrement des soirées dédiées à la lecture érotique à Rennes, quel était le but ? Peux-tu nous en dire plus sur ces soirées ? La voix compte beaucoup pour toi ?
Bien sûr, avec joie ! L’idée derrière ces lectures qui se referont certainement de temps en temps, était de partager des mots ; parce que ça fait bien trop longtemps que la majorité des gens ne se font plus lire d’histoires.
La lecture à voix haute apporte une dimension différente, oui ; elle est un partage, elle offre une chaleur et on parle de voix caressantes, elle est donc toute conseillée à mon avis pour des lectures érotiques !
Le fonctionnement était le suivant : je choisissais un ou plusieurs extraits d’une œuvre tout en essayant de ne pas lire deux fois de suite des œuvres de la même époque ou qui décrivaient une même orientation sexuelle par exemple (pour varier les plaisirs !). Je lisais pendant 30 à 45 minutes, parfois sans réelle pause, parfois avec de rares commentaires pour amener à la réflexion, puis s’en suivait une discussion sur le fond ou la forme de ce qui avait été lu : un style plaisant ou non, des formules merveilleuses ou dérangeantes, des parallèles avec d’autres œuvres, des questionnements quant à la portée féministe ou queer de l’œuvre… etc
C’était intime, intimidant et très agréable à la fois.
Tu as été plume d’éros et tu vas désormais animer des ateliers d’écriture, qu’est-ce qui t’a donné envie de passer de l’autre côté ?
Dès le premier atelier passé avec Emmanuelle, j’ai su qu’un jour moi aussi j’organiserais des ateliers d’écriture. J’avais déjà dans l’idée de faire de l’érotisme une partie de mon activité et ces ateliers qui sont une motivation parfois nécessaire pour écrire, qui permettent une écoute de l’autre, qui donnent confiance, qui amènent des échanges de références, des conversations
littéraires, des partages d’opinions, d’expériences parfois intimes… ça m’a de suite
convaincue.
Comment se déroule un atelier d’écriture en ligne avec toi ?
Je vais garder le fonctionnement d’Emmanuelle qui me semble idéal, c’est-à-dire que je proposerai des ateliers de 3h avec différentes consignes et un temps d’écriture à respecter avant que chacun·e lise sa création aux autres. D'ailleurs, nous penserons et fabriqueront les consignes avec Emmanuelle, ensemble. Les plumes auront la possibilité de ne pas lire un de leurs écrits une fois par séance pour des raisons qui leur appartiendront et entre deux ateliers une consigne sera donnée et l’écrit sera lu par un·e plume du groupe au début de l’atelier suivant ; ce n’est pas un exercice toujours évident mais il est très intéressant.
Peux-tu nous parler de ta propre pratique de l’écriture érotique ?
La plupart de mes écrits, terminés ou non, sont au chaud dans mon disque dur, je réponds à certains appels à texte et j’ai sorti un modeste fanzine avec quelques-uns de mes récits et poèmes.
Pour le reste, je publie un peu sur Instagram (@s_iel_te_plait) lorsqu’une idée survient ou pour des occasions spéciales comme ça a été le cas pour le moi de mai qui est le mois de la masturbation.
Qu’as-tu envie de faire travailler aux plumes des ateliers d’écriture Éros ? Quelle serait un peu ta philosophie des ateliers ?
Je veux éveiller des idées plus folles que sages dans la tête et le stylo (ou le clavier) des plumes de l’atelier. Je n’ai pas pour but d’enseigner l’écriture, d’ailleurs s’apprend-elle, je ne le crois pas. Je veux que grâce à la poésie, au récit, grâce à l’art en général, chacun·e se révèle, joue avec la langue, soit content·e de soi, puisse retravailler son texte ou mettre d’autres mots sur une même consigne une fois l’atelier terminé. J’aimerais si c’est nécessaire, faire perdre le jugement souvent sévère que l’on a de ses écrits pour que chaque plume regagne un peu de l’innocence qui nous manque souvent en tant qu’adulte. Une innocence obscène, l’idée est chouette, non ? J’aimerais, je crois, simplement encourager l’écriture de textes séduisants qui plaisent à leurs auteur·ices.
Que dirais-tu aux plumes timides qui n’oseraient pas rejoindre les ateliers ?
Si on se pose la question, c’est qu’on a déjà la réponse. Qu’elles sautent le pas car il n’y a pas besoin de se sentir « légitime », la simple envie d’écrire suffit et c’est une vraie petite consécration que d’écrire et de lire ses textes. L’idée n’est pas de sortir un texte parfait, ni d’être tout à fait fier·e de sa création sur le coup ni peut-être jamais, l’idée est de tenter, d’oser, d’écrire, d’effacer, de s’amuser, de savoir que les possibilités, que les façons d’écrire sont multiples, de s’enrichir des autres, d’évoluer soi-même, de découvrir mille et un fantasmes… !
En savoir plus sur les ateliers : éros écriture érotique
Victoria est une belle personne bienveillante et généreuse. Je suis certaine qu'elle sera une accompagnatrice pour toutes les plumes qui oseront se lancer dans l'écriture et le partage de leurs mots lors de ses ateliers