Interview de Bagheera - animatrice Éros

Rencontrez Bagheera, nouvelle animatrice pour Éros, nos ateliers d'écriture érotique qui reprendra l'atelier Éros en capitale.

Bagheera, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Femme multi-facettes, j’appartiens à la fois aux univers de la Littérature et de l’Intimité dont le croisement est devenu évident il y a plusieurs années autour de l’animation d’ateliers d’écriture érotique. Je suis aussi intuitive que cérébrale, comme la panthère qui inspire mon pseudonyme.

Mon mantra de vie, emprunté à Nietsche, c’est « Deviens sans cesse « cellui » que tu es, Sois le maître et le sculpteur de toi-même ». J’y travaille sans relâche car en aventurière de la vie, j’aime explorer et partager ce qui m’anime.

D’où te vient ton goût prononcé pour la littérature érotique ?

Je dirais avant tout que j’ai une passion pour la littérature tout court, qu’en grande lectrice je fréquente avec assiduité. Elle fait partie intégrante de ma vie intellectuelle qu’elle nourrit depuis toujours. Il y a souvent confusion entre l’érotisme et la pornographie. Le premier n’exclut pas l’autre mais ne s’y limite pas. Bien au contraire, il propose d’arpenter d’autres chemins que les schémas figés et permet une vraie éducation sensuelle, incluant émotions, imagination, projections et fantasmes.

Je suis également une hédoniste et, dans l’érotisme, c’est la sensorialité et la sensibilité exacerbées qui m’intéressent. Tout est affaire de désir : tant celui qui accompagne l’écriture que celui qui jaillit chez le lecteur. J’aime questionner la sexualité, la mettre en mots et lui donner chair. Et finalement je trouve qu’en parler, c’est interroger les autres champs en toute liberté.

Tu écris toi-même de l’érotisme. Peux-tu nous parler de tes livres et de ta propre pratique de l’écriture érotique ?

J’écris depuis toujours et aussi surprenant que cela puisse paraitre, passer par la littérature érotique a été comme désinhibant pour moi. Je croyais au début que c’était un genre mineur et que je pourrais me permettre d’être moins exigeante. Evidemment, très vite, c’est l’inverse qui s’est produit et j’ai réalisé ce qu’il fallait de subtil et d’authentique pour poser des mots sur la chair qui se vit souvent sans se dire et plus encore pour dévoiler le mystère des corps, leurs alchimies et leurs extases. Cela dit, je ne me limite pas à cette étiquette car de mon point de vue, toute littérature, je dirais même tout art, est liée à l’Eros en tant qu’élan et pulsion de vie.

J’écris quasiment tous les jours et en toutes circonstances. Parfois ce sont des textes complets qui s’invitent à mon esprit et demandent à être couchés sur le papier. Parfois je me laisse séduire par une situation, une personne, un infime détail qui retient mon attention. Parfois c’est un mot qui m’interpelle par sa vibration.

J’accueille et j’archive. J’adore écrire à la main, c’est plus voluptueux mais selon les situations je note aussi sur mon téléphone. 

Mon écriture est à la fois intellectuelle et organique ; c’est pour moi une pratique psychocorporelle à part entière. Selon mon inspiration, j’écris aussi bien de la poésie que des récits. J’ai rédigé plusieurs nouvelles et un roman qui suit le parcours érotique d’une Eve moderne, fille du XXIeme siècle.  Un deuxième est en cours, toujours consacré à une figure féminine mais à une tout autre époque ; il faut dire que j’ai des idées à foison.

Tu organises régulièrement des ateliers d’écriture érotique partout en France, mais aussi des événements, des stages, etc. Pourquoi rejoindre Images & Mots ?

Je prends part aux ateliers d’Images & Mots depuis deux ans. C’est l’occasion pour moi de challenger ma plume à la faveur d’autres animatrices et de m’offrir des espaces où je redeviens participante.  J’ai pu mesurer tout ce que nous avions de commun avec Emmanuelle et Victoria et l’envie d’intégrer cette aventure textuelle s’est présentée naturellement.

Autant je suis profondément attachée à ma liberté individuelle et à mon indépendance créative, autant j’ai l’amour du collectif et du partage. Je crois à un monde horizontal où chacun se féconde des autres et les enrichit en retour. Et c’est encore plus vrai dans le domaine de la création artistique où je trouve l’émulation saine.

Comment se déroule un atelier d’écriture avec toi ?

Il n’y a pas de modèle pré-établi car je n’aime ni la répétition ni le systématisme ; par contre j’aime établir des sortes de ritualisation. Par exemple, l’ouverture se fait avec un retour intuitif au corps sur une musique devenue ma marque au fil des ans. C’est une manière d’indiquer à l’inconscient des participants que l’expérience démarre. Cela n’a l’air de rien mais permet d’ouvrir de vrais espaces de lâcher-prise créatif. Je matérialise aussi la durée de l’atelier par une bougie qui en symbolise l’inspiration.

Je propose une thématique préparée en amont par mes soins et j’en guide l’exploration, souvent de manière graduelle.  On commence par ce que j’appelle « l’échauffement érosensuel » dans lequel on explore des formes courtes avec une intention plutôt stylistique.

Ensuite c’est le moment de déployer davantage le contenu : je propose des consignes plus complexes dans leur réalisation ou permettant d’approfondir le sujet abordé.La proposition est de créer puis de lire au groupe à haute voix. Cela n’est jamais obligatoire mais fait partie du mécanisme : cela confère au texte une existence plus dense et établit un lien de confiance entre les participants.

J’aime varier les invitations en me laissant inspirer par mes rencontres artistiques et mes coups de cœur personnels parce qu’au final c’est à partir de mon univers que je viens partager. J’aime également surprendre en jouant sur les contenus, le croisement avec d’autres arts, la vitesse de réalisation, pour court-circuiter les mécanismes automatiques et entrer dans un vrai processus de création désinhibée. Je crois profondément à la vertu, sinon thérapeutique, du moins cathartique de l’écriture. Et peu importe l’intention première, que l’on ait envie d’être publié, de se détendre, d’écrire pour le loisir, de se challenger… chemin faisant, dans l’écriture c’est toujours soi que l’on rencontre.

Qu’as-tu envie de faire travailler aux plumes des ateliers d’écriture Éros ? Quelle serait la philosophie des ateliers ?

Pour moi, il n’y a pas à « vouloir écrire » et encore moins à « vouloir écrire érotique », il y a juste à laisser émerger ce qui nous traverse déjà. Être en quelque sorte à l’écoute de son roman intérieur. Je vois mes propositions comme des supports pour ouvrir des perspectives et nourrir l’inventivité. C’est ainsi que j’accompagne, en essayant de percevoir ce qui fait la singularité de chacun pour l’aider à la renforcer dans le fond comme dans la forme …

Ma philosophie, dans les ateliers comme dans tout ce que je propose, jusque dans ma manière de vivre : c’est d’apporter du lumineux et du joyeux dans tous les espaces marginalisés et tabouisés. Le domaine de l’érotisme est idéal pour cela.

La proposition de la rentrée sera spécifique puisque je reprends le format « Eros en capitale » avec 5 ateliers en ligne et 5 en présentiel à Paris qui seront l’occasion d’investiguer la couleur érotique de la ville.

Que dirais-tu aux plumes timides qui n’oseraient pas rejoindre les ateliers ?

Je leur proposerais simplement de se donner permission et de s’autoriser à aller explorer, surtout si l’envie est présente.

Si le frein est intérieur, je les encouragerais à se faire confiance : tout est déjà là, elles savent déjà faire, peu importe d’où elles arrivent et leur degré de formation. Il n’ y a rien de juste ou faux, pas d’attente de résultats, c’est plutôt un laboratoire …

Si leur résistance se situe plus vers l’extérieur, je leur garantirais qu’elles ne risquent que de jolis bénéfices : j’ai à cœur de garantir un espace absolument sécure, emprunt de bienveillance, où chacun peut à son rythme découvrir et partager son univers intime.

Enfin dans tous les cas, je leur dirais qu’oser leur créativité dans la joie, c’est féconder immanquablement leur vie personnelle en la teintant des nouvelles saveurs…

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